Nées de la stratégie pour l’autisme 2018-2022, les premières plateformes de coordination et d’orientation sont d’abord apparues à titre expérimental. Le souhait de l’ARS était de pouvoir trouver une PCO par département, via un déploiement national et indépendamment des besoins. Fin 2021 une centaine de PCO couvrait le territoire français. Dans notre région, il existe la PCO de l’arrondissement de Lille, la PCO du littoral dans le calaisis, la PCO 62 dans le secteur audomarois et le Pas de Calais. La PCO des Flandres regroupe les secteurs de pédopsychiatrie I01et I02. 

Genèse de la PCO en pédopsychiatrie

Le réseau de partenaires territoriaux au niveau du champ de l’enfance est très présent sur le littoral, un peu moins en Flandre intérieure. L’EPSM des Flandres a donc répondu à l’appel à candidature de l’ARS, avec les partenaires. L’EPSM des Flandres possède donc l’entité juridique et porte le dispositif mais il est co-porté par les acteurs du champ de la petite enfance du territoire : l’AFEJI de Dunkerque, les papillons Blancs d’Hazebrouck, l’ALEFPA d’Hazebrouck, le Centre Hospitalier d’Armentières et le Centre Hospitalier de Dunkerque et l’Hôpital Maritime de Zuydcoote. 

Amélie Marchalle, cadre de santé, coordonne et fluidifie les parcours de la PCO. Elle explique le fonctionnement et l’objectif de la nouvelle plateforme de Coudekerque Branche qui a ouvert ses portes en février 2021 et fait le point sur presqu’un an d’activité.

Quels sont les objectifs d'une plateforme de coordination en pédopsychiatrie ?

Amélie Marechalle : Notre cible ce sont les enfants qui présentent un TND ou trouble du neuro-développement. Cela comprend les troubles de l’autisme, troubles de l’apprentissage, troubles de l’attention, de l’hyperactivité, troubles du développement cognitif...c’est donc très vaste entre un enfant qui présente des difficultés scolaires et un autre qui peut présenter un trouble du spectre autistique. Notre vocation est donc de proposer des parcours diagnostics et parcours de soins répondant à plusieurs objectifs :  

  • Garder en ligne de mire le parcours des enfants, en partant des troubles de l’enfant 

  • Ne pas attendre qu’un diagnostic soit stabilisé pour amorcer les prises en charges 

  • Intervenir de manière précoce pour éviter le sur-handicap mais aussi des ruptures dans le parcours de l’enfant 

  • Replacer l’enfant au cœur d’un parcours de soins cohérent sans une “mécanisation” de dossiers et le faire bénéficier d’une prise en charge qualitative.

Concrètement, comment fonctionne une PCO ? 

A.M : "C’est un dispositif qui fonctionne par étapes :  

  • Nous recevons le dossier par le médecin avec les coordonnées de la famille. Nous prenons contact avec le médecin pour de plus amples renseignements.  

  • Nous prenons un temps de coordination avec l’équipe, composée du Dr Salomé, médecin coordinateur du dispositif, deux assistantes sociales, Mme Taffin sur la Flandre intérieure et Mme Bécu sur le littoral, une secrétaire Mme Lambert et moi-même.  

  • Nous recevons la famille pour un entretien et pour faire un point sur le parcours de l’enfant, avec un questionnaire à remplir.  

  •  Le dossier passe en commission médicale, à raison de deux par mois. Cette commission est constituée d’un pédiatre ou neuropédiatre, d’un pédo psychiatre ou psychiatre. C'est là que se traduit le côté multi partenarial très important pour la PCO. Huit médecins sont présents lors de ces commissions les rendant extrêmement qualitatives. C’est un bel équilibre de regards croisés offrant une grande richesse de préconisations. Ces médecins travaillent pour les structures partenaires. À l’issue de ces commissions, nous sommes en mesure de proposer des préconisations en tenant compte du lieu d’habitation de la famille, de ses souhaits pour l’enfant et très important aussi est l’adaptation à laquelle nous sommes enclins pour apporter les meilleures solutions.  

  • Il existe trois types de parcours : une proposition en structure ; une orientation vers les professionnels libéraux et une orientation avec un mix libéral / structures. 

Je précise que nous ne sommes pas prescripteurs. Nous préconisons et finançons, avec un objectif de réduction des délais. Nous devons apporter une réponse aux familles en 15 jours de temps à réception du dossier et ensuite trois mois pour leur proposer un parcours diagnostic et soins."

Quelle est la plus-value de la PCO ?  

A.M : "Notre plus-value est l’obligation de tenir les délais car ils sont la base de ce dispositif. Mais c’est aussi de pouvoir accompagner les familles pour combler le temps d’attente en mettant des choses en place, avec un réseau de partenaires, au niveau du secteur libéral, sans avance de frais. Nous pouvons ainsi travailler avec des psychologues, ergothérapeutes ou psychomotriciens qui ne sont pas remboursés dans le cadre classique de l’assurance maladie. C'est là notre rôle de financeur.  

La plus-value est de ne pas être un guichet d’orientation. Enfin on intervient aussi sur la diffusion des informations afin que tous les professionnels aient le même niveau d’informations. Si l’enfant a bénéficié d’un bilan psychométrique par exemple, la psychomotricienne doit y avoir accès. Les parents doivent être d’accord avec ce mode de communication. 

Enfin nous sommes proches des populations et nous nous déplaçons à la rencontre des familles. Ce ne sont pas uniquement des questionnaires. L’accueil, qu’il soit téléphonique, physique a été pensé de manière qualitative et nous avons cœur d’incarner au mieux ce que nous proposons."

 

Quelques chiffres : 

15 jours : temps de réponse obligatoire aux familles après réception du dossier 

2 à 3 demandes par semaine 

65 dossiers traités en une année 

3 ans et 8 mois : moyenne d’âge de l’enfant au moment de son admission dans le parcours.